Berlin (Allemagne) : Paralyser les beaux quartiers. Que mille volcans fassent pleuvoir des gravats et de la cendre

Kontrapolis / mercredi 30 avril 2025

Nous ne pouvons plus nous permettre ces riches.
Paralyser les beaux quartiers. Que mille volcans fassent pleuvoir des gravats et de la cendre.

Follow the money, pour trouver la piste des crimes et des criminels. D’abord une petite promenade militante nocturne, dans le quartier de Grunewald, et ensuite un incendie :

C’est une chose bien connue, par beaucoup de monde, que nous ne pouvons plus nous permettre les riches, qui, souvent, sont aussi les puissants.
C’est aussi une chose connue qu’ils nous laisseront, à nous et à nos enfants, une terre ravagée.
Qu’ils montrent chaque jour qu’ils s’en fichent, par exemple lorsqu’ils émettent plus de 16 milliards de tonnes de CO2 par an, rien qu’avec leurs jets privés.
C’est aussi une chose bien connue que les riches aiment monter les un.es contre les autres les dépossédé.es de ce monde.
Ils attisent la population avec passeport allemand contre les ainsi-dit.es migrant.es (avec ou sans passeport allemand). Ils attisent la haine contre les personnes réfugiées, comme si leurs raisons de fuir étaient banales. Les raisons de leur fuite, et donc la fuite elle-même, sont considérées comme un crime et les gens comme des criminels, surtout si la couleur de leur peau n’est pas le « blanc ». Ce n’est pas le mode de vie impérial qui est considéré comme un problème, qui conduit directement ou par un enchaînement de différentes circonstances aux raisons de ces fuites, mais les personnes qui fuient.

Ces gens vivent aussi dans le quartier auquel aujourd’hui nous avons coupé le jus. Car on ne peut pas en venir à bout avec des appels, un travail de persuasion ou des simples informations.

Nous faisons nôtres les mots et les analyses des groupes Volcan [Vulkangruppen] précédents : cette forme de vie impériale, organisée au détriment d’autres personnes, est la base d’une consommation aberrante, d’une croissance économique constante avec des taux de profit en hausse et des raisons de fuir les régions exploitées. Sans la destruction des bases de vie dans d’autres pays, cette folie de la consommation des ressources ne serait pas possible.
La cupidité et la recherche de plus de pouvoir, de profit, d’argent et de biens caractérisent la mentalité des riches. Et des millions de personnes, y compris beaucoup de dépossédé.es, courent derrière ce « veau d’or ». Seulement pour obtenir, peut-être, un petit morceau du gâteau. Le pillage de la nature, les guerres, la destruction du climat et les génocides – tout est inclus dans le coût de la course pour encore plus de richesse. Alors que les puissants transforment (veulent transformer) chaque pas, chaque seconde de notre temps, chaque pensée, chaque sentiment et chaque clic de notre vie en marchandise, pour avoir encore plus d’accès à chaque individu et pouvoir nous contrôler, ils jouent avec la vie de milliards de personnes.
Une raison suffisante pour faire cracher du feu à un petit volcan, dans une « zone résidentielle exclusive » à Grunewald et Schmargendorf [deux quartiers limitrophes, très huppés, de l’ouest de Berlin ; NdAtt.].

Aujourd’hui, nous avons grillé un transformateur électrique qui alimente le secteur des rues Clayallee et Pücklerstraße. Et nous avons livré aux flammes une antenne relais utilisée par différents opérateurs de téléphonie mobile (comme Vodafone, entre autres) et par la police, sur la Clayallee.

En fait, nous voulions juste faire un petit tour dans Grunewald. Mais alors, voilà, nous nous sommes rendu.es compte que nous nous trouvions soudainement au cœur de l’actualité mondiale et nous avons vu à quel point tout est interconnecté. La dimension internationale a besoin de quelques mots et de quelques liens, pour rendre justice à cet endroit.
C’est justement pour cette considération qu’il n’est pas possible d’être concis.es à propos de cette exploration du secteur. Nous voulons mettre en lumière autant que possible ce que nous pouvons voir d’un premier coup d’œil dans le rayon de l’éclat de notre feu. Étonné.es par le nombre de protagonistes du potentiel de destruction et par le nombre de responsables des raisons de fuite décrites ci-dessus, qui se sont retranchés sur une si petite surface, notre explication de l’éruption volcanique est un peu plus longue.

Nous ne sommes que les précurseur.euses d’une génération d’enragé.es. Qui laisse mourir de faim d’autres personnes, tout en faisant des bonnes affaires avec, et se retranche dans des quartiers de villas, ne doit pas s’étonner si un jour il finit « grillé.e » sur une assiette de soupe populaire, à Wedding [quartier pauvre du centre-nord de Berlin ; NdAtt.] ou ailleurs, sous le slogan Eat the rich.
Si nous devions donc simplement « mettre tous les riches dans un sac et leur taper dessus » pour nous débarrasser de leur domination, nous ne serions en aucun cas au mauvais endroit, à Grunewald. Néanmoins, la réintroduction de la guillotine a déjà été suffisamment testée et, comme on le sait, elle a été rejetée dans la pratique révolutionnaire ultérieur. Elle est seulement devenue un nouveau moyen aux mains des structures de pouvoir et de terreur. Une nouvelle tête pousse à l’Hydre dès que l’ancienne roule. De cette manière, nous ne nous débarrassons pas des riches et de leur mode de vie destructeur.
Jusqu’à présent, de nouveaux maîtres ont rapidement émergé – seules les drapeaux et les uniformes ont changé et les méthodes pour réprimer les révoltes ont été réajustées. Les bourses, l’argent, la police, les prisons, l’armée, l’injustice et l’oppression sont restés.

Nous préférons nous en prendre à leurs ressources, les déranger dans leurs lieux de reproduction, nous occuper d’eux de manière privée et personnelle et les chasser de leurs villas. Georg Büchner a raison de manière intemporelle : « Paix aux chaumières – guerre aux palais ».

Nous pouvons et nous devrions leur livrer le Premier mai à domicile, devant leurs portes, et, par le biais du sabotage, rendre plus inconfortables leurs lieux de reproduction. Nous pouvons, sans devoir faire un pas sur leurs terrains, nous introduire dans leurs espaces de vie, où ils comptent en pensée leurs dollars, euros, roubles, bitcoins ou leurs onces d’or. Nous pouvons au moins leur gâcher un peu le plaisir de ce qu’ils possèdent.

Les propriétés, clôturées et sécurisées par des caméras, ont été construites grâce à du travail volé. Leur luxe a toujours été lié à un grand tribut de sang et il l’est encore aujourd’hui.
Le mode de vie impérial ne sera amené que brièvement à quelques frisson, par notre intervention militante d’aujourd’hui. Mais chaque goutte creuse la pierre.

Et nous pouvons disparaître, non vu.es, dans l’obscurité de la nuit, dans la forêt, avec les sangliers, en trébuchant parfois sur un sans-abri dans sa tente.

Ils se sentent à l’abri de la « foule », qui, depuis le soulèvement anarchiste pour les droits des travailleur.euses, le 1er mai 1886, sur la place Haymarket, à Chicago, a toujours provoqué des révoltes, des soulèvements et des luttes militantes. Que l’orateur de Haymarket, rédacteur en chef et éditeur d’un grand journal ouvrier anarchiste, August Spies, soit cité ici pour souligner son actualité : « Le temps viendra où notre silence sera plus fort que les voix que vous étranglez aujourd’hui ». Ce furent les derniers mots qu’il prononça, avant d’être pendu suite à des fausses accusations. Impressionné par la brutalité de la police lors des manifestations et des grèves, par les fraudes électorales et leur légitimation par des juges corrompus, August Spies s’était, auparavant, de plus en plus détourné de la voie légale des sociaux-démocrates, pour se tourner vers des développements révolutionnaires anarchistes. Il est devenu le porte-parole de l’aile social-révolutionnaire du mouvement ouvrier aux États-Unis et, à la fin, à la suite des combats autour du Premier mai, il a été exécuté par pendaison, en novembre 1887, aux cotés des anarchistes George Engel, Albert Parsons et Adolph Fischer. De ces luttes anarchistes est issu le Premier mai en tant que journée de lutte des travailleur.euses. Nous ne sommes pas du tout satisfait.es du fait que le Premier mai ne soit plus, aujourd’hui, une journée de lutte des dépossédé.es, mais qu’il ait été « incorporé » en tant que jour férié, dans les « démocraties », par ces piliers de l’État qui sont les syndicats. De même, beaucoup de groupes communistes autoritaires, avec une vision sélective de l’histoire, ne font que guetter la prochaine occasion de créer un État qui contraindrait les dépossédé.es dans les prochaines usines « rouges ».
Un jour, l’intervention militante des dépossédé.es et d’une foule en colère libérera les possédants du fardeau de leur possessions et ils/elles ne se laisseront impressionner ni par les soi-disant démocrates ni par les forces dictatoriales. Car, en fin de compte, il est évident qu’on ne peut pas « posséder » la terre, ni tous les êtres vivants qui l’habitent et donc les êtres humains non plus. Même si les riches ne veulent pas reconnaître cette simple vérité.
Aujourd’hui, ils ont quand-même dû regarder dans les yeux la vérité, c’est-à-dire qu’ils sont vulnérables. Parce que l’antenne-relais brûlée ne diffuse plus, du moins aujourd’hui, les informations boursières depuis les États-Unis, ni les derniers rapports du front russe, ni les derniers rapports de guerre venant du monde entier, avec les conséquentes, magnifiques opportunités de voir monter les indices DAX [indice boursier allemand, équivalent au CAC 40 français ; NdAtt.] des entreprises d’armements, dans lesquelles on a bien placé son fric, ni les dernières nouveautés du monde de la mode et de la richesse, ni non plus les aboiements continuels de X et Cie. Les voix des, et pour les, possédants ont été momentanément réduites au silence. Le silence des dépossédé.es deviendra de plus en plus fort. Et, aujourd’hui, ce silence bruyant doit aussi rappeler August et les anarchistes assassinés avec lui, ainsi que l’origine du Premier mai.

Nous nous tournons maintenant vers la promenade dans le « quartier des animaux sauvages » [un secteur du quartier Schmargendorf, limitrophe de la forêt urbaine de Grunewald, où les rues portent les noms d’animaux sauvages ; NdAtt.] en elle-même et vers la question de savoir quels bipèdes ont été effrayés à cette occasion. Dans le quartier des villas et des ambassades, les rues sont nommées en souvenir d’animaux dont les images sont plus faciles à trouver sur un smartphone que celles des habitants actuels, derrière leurs clôtures avec surveillance smart. Celle qui suit est une liste de quelques riches et de quelques ambassades, comme dans un roman policier où tout est lié. Les noms sont interchangeables, comme les pays.

Momentanément déconnectés, sans électricité ni réseau, derrière les clôtures se retranchent, par exemple, des oligarques russes, comme l’ami de Poutine Arkady Rotenberg (ça s’écrit aussi Arkadi ou Arkadij). Sa fortune est estimée à environ 2,5 milliards de dollars américains. Personne ne croit qu’il ait acquis sa fortune à la sueur de son front. On parle, comme pour tous les autres, d’une fortune volée au travail des autres. Étant un ami de Poutine, l’une de ses entreprises a fourni des tuyaux pour construire le gazoduc Nord Stream 2. Pour le gaz que son ami Poutine fournissait à l’Allemagne et que l’économie allemande achetait volontiers et pour pas cher, pour avoir ainsi un avantage dans la compétition internationale. Alors que Poutine a su utiliser ces revenus pour son agression contre l’Ukraine. Une situation gagnant-gagnant pour toutes les parties, jusqu’à il y a trois ans. Aujourd’hui, l’Allemagne se procure son énergie chez d’autres dictatures.
Pour la construction, par Rotenberg, d’un pont de 19 kilomètres vers la péninsule ukrainienne de Crimée, son ami Poutine lui a plus tard personnellement décerné la distinction « Héros du travail ». Certes, Rotenberg est soumis à des sanctions et en principe il ne devrait pas avoir de droit de céder ses biens immobiliers situés en Allemagne, mais il a dissimulé ses propriétés par le biais de sociétés à Chypre. Qui s’en soucie ? Il a donc fait certifier l’accord de vente par un notaire du Kurfürstendamm [les « Champs-Élysées allemands » ; NdAtt.], auquel il a graissé la patte et qui l’a aidé à contourner les sanctions.

Jurij Bukin, un manager de longue date de l’empire économique des Rotenberg, a lui aussi une villa dans ce quartier. Le député de la Douma Boris Paikin, qui est touché par les sanctions de l’UE et qui a autrefois travaillé dans une filiale de Gazprom, possède également, selon les médias, une villa et des appartements dans ce quartier. Et dans le Wildentensteig [« montée des canards sauvages »] se trouve également la villa d’Irina Wirganskaja (la fille de Gorbatchev). En 2020, elle a fait l’acquisition d’un terrain pour 4,8 millions d’euros.

Une autre villa dans le quartier des animaux de la forêt, depuis laquelle l’ancien ambassadeur russe Vladimir Kotenjow, futur chef de la filiale allemande de Gazprom, a tiré ses ficelles et où il a organisé des fêtes exclusives, appartient, selon les médias, à un homme d’affaires de Saint-Pétersbourg. Dans cette propriété, située sur le Goldfinkweg [« chemin du chardonneret jaune »], à Berlin, où Kotenjow aurait vécu en tant que locataire, des appartements sont actuellement proposés à la location pour des loyers allant jusqu’à 13 000 euros par mois. Ainsi, nous pouvons bavarder éternellement sur les imbrications existantes dans le quartier des animaux de la forêt et nous demander qui, au sein de la politique et de l’administration allemandes, couvre ces relations. En fait, c’est très simple : le marché immobilier de Berlin est un marécage pour l’argent sale, qui peut y être « lavé » efficacement. À Berlin, les loyers augmentent plus que dans toute autre grande ville allemande. Et cela est dans l’intérêt des propriétaires, qu’il s’agisse d’acquisitions légales ou illégales de biens immobiliers. Prenons l’exemple du « quartier des animaux sauvages ». La société L&B Immobiliya, par exemple, situé sur la Frankfurter Allee, y a volontiers installé des magasins pour riches, entre autres d’Europe de l’Est, tels que ceux mentionnés ci-dessus. Plus de 30 000 clients ont ainsi blanchi leur argent et l’ont placé de façon rentable. On achète, on vend et on achète à nouveau, sur le marché des maisons et des appartements, au détriment des pauvres. Le rendement augmente et chaque vente met dans les poches des riches de l’argent qui est pris à des personnes déjà pauvres, par des hausses des loyers. Heureusement, il y aura bientôt d’autres réductions des allocations pour les chômeur.euses, du coup encore plus d’appartements seront libres ; seulement, sous les ponts et dans la forêt de Grunewald, ça sera encore plus bondé. Selon les rapports des médias, des riches Russes auraient par le passé investi approximativement entre 20 et 50 milliards d’euros en Allemagne – au moyen d’entreprises nébuleuses et des sociétés écrans dans des paradis fiscaux.
Une personne qui a autant d’argent n’a aucun intérêt à ce que l’on sache ce qui lui appartient précisément et où elle habite. Ce n’est pas un hasard si le marché immobilier est géré de manière opaque en ce qui concerne les véritables propriétaires de maisons, d’immeubles d’habitations et de rues entières. On peut, par des moyens simples, déclarer comme propriétaires, dans le registre foncier, des entreprises, ce qui rend invisible le propriétaire derrière. Pas étonnant que, dans le « quartier des animaux sauvages », une maison sur deux n’ait pas de de sonnette : les administrateurs d’entreprises, exploiteurs et destructeurs, veulent agir de manière anonyme. Nous ne devons pas les trouver. Ils ont tellement peur – même de nous.
D’ailleurs : pas loin de là où se trouvent les oligarques russes, il y a aussi les oligarques ukrainiens. Pendant que les intérêts de deux États et de leurs puissants sont réglés sur le champ de bataille, et que le sang coule, Juri Rodin peut tranquillement se frotter les mains, avec sa participation aux affaires immobilières sur le Luchsweg [« chemin du lynx »]. Le rendement, pour l’actionnaire principal de la RI-Bank est bon, comme prévu. En 2021, une entreprise lettone, dans laquelle Rodin avait des participations, a vendu des terrains sur le Luchsweg pour plus de 26 millions d’euros. Quatre ans plus tôt, cette entreprise avait acheté ces terrains pour 7,5 millions. Avec quelques variantes, de telles transactions sont effectuées avec des bâtiments situés dans tous les quartiers de Berlin. De plus en plus d’appartements en propriété – de moins en moins de possibilités de location, des rénovations et des modernisations à prix élevé, donc toute la litanie bien connue qui correspond aux intérêts du capital, frappent de plus en plus durement la partie la plus démunie de la population. Le tissu social de la ville est détruit par l’expulsion, généralement silencieuse, des dépossédé.es. Et aucun sénat [le gouvernement de la ville-État de Berlin ; NdAtt.] n’y changera rien à l’avenir. Soit dit en passant : cela montre aussi l’utilité des élections. Sans expropriations révolutionnaires par la « foule », ainsi qu’une redistribution équitable, rien ne changera non plus. Pillage des chaînes de supermarchés, destruction des villas – that’s it.
Ce mépris structurel pour l’être humain a trouvé aujourd’hui une faible réponse, en dérangeant aussi les connexions internet des différentes sociétés immobilières allemandes et internationales qui, dans le voisinage, poursuivent discrètement, et pas qu’un peu, leur travail destructeur, en tout cas celles que nous avons pu identifier.
Le propriétaire le plus récent, d’ailleurs un « promoteur immobilier » de Berlin, veut maintenant construire des « appartements haut de gamme » sur le Luchsweg. Une bonne affaire à 17 000 euros le mètre carré. Avec le prix de ce seul mètre carré, de nombreuses personnes pourraient vivre toute une année.
Mais nous ne voulons pas vous ennuyer avec d’autres détails, que vous connaissez déjà, sous une forme ou une autre, car nous ne sommes pas encore à la fin de notre visite militante du secteur.
Parlons donc des ambassades à Schmargendorf.
Les accords sur les migrations avec les pays de l’UE ou même seulement avec l’Allemagne ont une grande importance, dans le but de cimenter encore plus la forteresse-UE. Les partis veulent expulser toujours plus et toujours plus vite. Pour cela, le gouvernement concerné dépend également de la coopération des pays d’origine et de transit. Aussi des dictatures.
Dans le Fohlenweg, à portée de vue de nos deux incendies, nous rencontrons l’ambassade irakienne. Depuis 2023, il existe avec l’Irak un ainsi-dit « accord sur les migrations », pour pouvoir expulser plus de demandeur.euses d’asile. Pourtant, les services de l’État y sont « toujours responsables de nombreuses violations des droits humains », dit même un rapport confidentiel du ministère des Affaires étrangères. Les droits et libertés fondamentales inscrits dans la Constitution ne seraient par ailleurs « pas pleinement garantis ». Selon ce rapport, la torture pour obtenir des aveux, les arrestations arbitraires et les enlèvements par les forces de sécurité irakiennes sont répandus. De plus, les milices armées représentent une menace pour la population. De même, « des nombreux enfants et adolescent.es sont gravement touché.es par des actes de violence contre eux/elles-mêmes ou contre des membres de leurs familles ». Les minorités religieuses, comme les Yézidis, souffrent, selon le rapport, d’une « discrimination de fait considérable ». Le gouvernement irakien ne peut donc « pas assurer la protection des minorités ».
Néanmoins : les deux parties veulent pouvoir échanger des données biométriques, si l’identité [d’un.e migrant.e] n’est pas claire. Des employé.es de l’ambassade irakienne ont eu des entretiens avec des ressortissant.es potentiel.les de leur pays, afin d’en déterminer l’identité. Raison suffisante pour éteindre la lumière à l’ambassadeur irakien et à ses fonctionnaires.
L’ambassadeur marocain habite lui aussi dans une résidence à Schmargendorf. C’est chose bien connue qu’il ne vit pas, comme beaucoup de personnes réfugiées des pays d’Afrique, dans des baraques, des tentes ou sous des bâches en plastique, dans des verges en Espagne, où ils/elles sont maintenu.es comme des esclaves. Il ne vit pas non plus dans un foyer, dans la rue, ni ne travaille dans des conditions misérables pour augmenter le capital de ses maîtres, généralement blancs. Il ne sera pas non plus traqué par des nazis ou arrêté par les flics des stups. Pendant que, chez lui, c’est seulement la réfrigération de ses boissons qui est tombée en panne, des réfugié.es qui souhaitent simplement venir à la frontière de l’UE et la traverser meurent de soif dans le Sahara. Beaucoup de monde échoue dans cette traversée à cause de l’ainsi-dit « accord sur les migrations » avec le Maroc. À Melilla, comme dernier obstacle, une forteresse barbare sépare l’Afrique de l’Europe.
Le ministère de l’Intérieur du [précédent] gouvernement fédéral allemand a déjà exploré avec succès les « possibilités et intérêts d’un partenariat approfondi dans le domaine des migrations » avec le Maroc. En plus, la coopération policière déjà existante a été étendue à des enquêtes dans des « procédures complexes contre des passeurs ». Les fonds pour le développement, les dispositifs techniques de lutte contre les migrant.es et les flatteries diplomatiques servent, dans le cas du Maroc, pour régler les migrations. Les facilitations à l’obtention de visas pour la force de travail qualifiée sont la seule et unique porte qui doit rester ouverte – si « le marché » en a besoin. La police fédérale collabore étroitement, chaque jour, avec la police des frontières marocaine, pour empêcher l’accès à l’UE aux personnes africaines fuyant la pauvreté, non désirées, pendant qu’à Berlin l’eau goutte du frigo de l’ambassadeur. On ajoute, pour plus d’exhaustivité, que le Sahara occidental a été annexé par le Maroc et que ses habitant.es mènent une lutte anticoloniale contre le Maroc. Naturellement, l’Allemagne se tait à ce propos, en échange de l’accord sur les migrations. Au cours des dix dernières années, l’Allemagne a aussi fourni au Maroc des équipements militaires d’une valeur de plus de 200 millions d’euros : des radars au sol, des drones, des pièces de munitions pour canons et des systèmes de communication. La défense de la forteresse-UE contre les réfugié.es, l’occupation du Sahara occidental et la répression militaire de ses habitant.es ne sont pas des thèmes sans rapport. Et, dans le Sahara occidental occupé, les intérêts allemands sont défendus ; par exemple le vol avec violence des matières premières et la production d’énergie. Ainsi, une main lave l’autre.
Dans la Pücklerstrasse, nous rencontrons une autre résidence. Le drapeau suédois flotte fièrement devant l’entrée. Le drapeau de ce pays de l’UE, dont les riches achètent ici des nombreux appartements, en tant qu’investissement, ce qui aggrave la pénurie de logements. L’État et des entreprises comme Northvolt n’ont aucun problème à réclamer des terres qui ne leur ont jamais appartenu et à détruire les moyens de subsistance des autochtones Samis. La ligne de Botnie septentrionale, une ligne ferroviaire à grande vitesse qui doit transporter essentiellement des matières premières, coupera, selon les projets actuels, des terres sur lesquelles les Samis ont leurs pâturages pour les rennes. La Suède et le capital veulent se connecter plus rapidement au marché mondial et approvisionner en lithium et en fer trois gigafactories de batteries. Des projets futurs d’exploitation minière et forestière devraient également bénéficier de ce gigantesque projet d’infrastructure. La manière de vivre impériale se tourne aussi vers l’intérieur de l’UE, non seulement vers l’accès à des pays lointains et à leurs ressources. Les objections des quinze communautés de village samis ont de l’importance pour nous. C’est pourquoi nous avons aussi éteint brièvement la lumière et la connexion au réseau de l’ambassade de Suède. Hands off Sápmi! – sinon, cela peut très vite devenir très cher.
Nous vous épargnons ici un traité sur l’ambassade éthiopienne, sur le Goldfinkweg, sur l’ambassade libanaise, sur la Spechtstraße [« rue du pic »], sur l’ambassade du Qatar ou sur l’ambassade d’Oman sur la Clayallee – l’une pire que l’autre !
Nous vous épargnons aussi un traité sur la villa de fonction du Président fédéral.
Toutes les institutions dont nous avons parlé et celles mentionnés se trouvent dans un rayon de 300 mètres des lieux des incendies et l’ambassade d’Israël est située à moins de deux kilomètres. Nous voulons encore dire quelques mots à son sujet. L’ambassadeur d’Israël, au nom du gouvernement israélien d’extrême droite, a récemment exercé des pressions sur la commémoration de la libération de Buchenwald et de Dora-Mittelbau, pour en exclure le philosophe germano-israélien Omri Boehm. Parce que celui-ci prend explicitement position pour l’égalité des droits entre Juif.ves et Arabes. Son approche, « comprendre l’histoire – apprendre pour l’avenir », est une épine dans le pied pour les Juifs d’extrême droite. L’État allemand, ou plutôt sa classe politique, n’a rien « compris de l’histoire », quand il livre des armes qui constituent les munitions d’un génocide, en justifiant cela aussi avec la raison d’État allemande. Avec ces armes, l’armée israélienne mène actuellement des exécutions extra-légales, en toute impunité, à Gaza. On souligne la phrase suivante, du discours censuré d’Omri Boehm : « « Plus jamais ça » n’est valable que dans sa forme universelle et c’est seulement alors qu’il peut rendre justice à sa formulation particulière ». Il s’agit d’une justice qui concerne et inclut tous les êtres humains. Nous espérons vraiment que aussi l’ambassade d’Israël ait pu tirer quelque chose de notre petite note de protestation.
Et nous nous souvenons, dans ce contexte, du secouriste Rifaat Radwan, torturé et exécuté par l’armée israélienne, le 23 mars, et ensuite enterré, avec quatorze autres secouristes et pompiers exécutés, par des excavatrices de l’armée israélienne, pour dissimuler ce crime contre le droit international. Les enregistrements du portable de Rifaat Radwan et l’autopsie des victimes ne laissent aucun doute quant à la torture et à l’exécution délibérées.
Et nous nous souvenons du militant Odai Al-Rubai, qui, avec un millier d’autres personnes, avait manifesté contre le Hamas, le 25 mars, et qui a été torturé et exécuté par le Hamas, à Gaza. Il a été torturé pendant six heures avant d’être assassiné.
Ces deux crimes ont eu lieu à deux jours de distance. Nous méprisons leurs lâches assassins. Nous admirons le courage de Rifaat Radwan et d’Odai Al-Rubai, qui ont risqué leurs vies pour sauver des vies. Ne le oublions pas. « « Plus jamais ça » n’est valable que dans sa forme universelle ».

Nous terminons notre promenade par une « approche » de l’ambassade des États-Unis, sur la Finkenstraße [« rue des pinsons »]. La résidence de l’ambassadeur des États-Unis, située de l’autre côté de la rue par rapport au quartier des animaux sauvages, à seulement 200 mètres de l’antenne-relais en feu, a probablement été largement épargnée par notre panne de courant, mais le réseau ! La connexion avec Donald « Dump [déchetterie, en anglais ; NdAtt.] » a dû être ralentie ou complètement interrompue.
Avec d’autres hommes et femmes pro-fascistes, ils travaillent à la transformation du système en une oligarchie autocratique. Il y aurait assez de raisons pour rendre la vie difficile aux représentant.es des États-Unis et à leurs diplomates. Des personnes sont expulsées vers la mort et la torture.
Une Green card ne protège pas non plus, si la personne concernée s’engage par exemple pour les droits des Palestinien.nes. Celui/celle qui espère que les élections, dans quatre ans, apportent un changement aux États-Unis, n’a pas compris le coup d’État administratif actuel. Il n’y aura plus d’élections libres, dignes de ce nom et non manipulées : les États-Unis sont sur la voie de la (techno-)autocratie.
Nous pourrions peut-être décider de frapper directement dans ses biens aussi cette nouvelle forme de dictature, avec ses accords mortels et ses PDG qui deviennent des décideurs, en remplaçant la forme d’État que les USA ont eu jusqu’ici. La coupure de la connexion de l’ambassadeur avec ses donneurs d’ordres aux États-Unis n’est pas d’une importance digne de ce nom, même si nous nous en réjouissons.
Précisément : Follow the money. « Elend [misérable] » Musk a injecté plus de 250 millions de dollars dans la campagne électorale du président « Dump ». Il détruit un État que lui est ses semblables réclament pour eux-mêmes. Ils détruisent l’ancien système et volent en même temps les données des différentes administrations états-uniennes, pour porter les gens sous leur contrôle et faire avancer de manière rentable leur domination numérique.
À l’exemple de Tesla ; ici en Allemagne, il ne s’agit plus seulement de l’eau volée dans la région de Grünheide et dans le Brandebourg. Et il ne s’agit plus seulement des conditions de travail chez Tesla, qui équivalent, pour les travailleur.euses, à une privations de leurs droits. Il ne s’agit plus seulement de destruction du climat et de surexploitation, pour arracher des « trésors » des sols de nombreux pays. Il ne s’agit plus d’arrêter des projets particuliers. Il s’agit de la somme de tous ces crimes. Et, en plus, de saboter l’« agression technologique », le projet de numérisation totale, qui prend des contours toujours plus clairs dans sa brutalité.
Tesla est terminée. Actuellement, Tesla est attaquée pratiquement tous les jours, au niveau international. #TeslaTakeDown et les attaques militantes entraînent des pertes de bénéfices de plus de 70%. (Si vous êtes propriétaire d’une Tesla et que vous lisez ceci, vendez-la, tant qu’elle peut vous rapporter encore un peu d’argent et qu’elle n’a pas brûlé. Ou bien, incendiez-la vous-mêmes et encaissez le montant de l’assurance. En ce faisant, ne vous laissez pas filmer par votre propre voiture.)
L’action du Vulkangruppe Tesla [ab]schalten [« groupe Volcan – éteindre Tesla », qui a incendié un pylône électrique près de la gigafactory de Grünheide, le 5 mars 2024, la mettant à l’arrêt pendant plusieurs jours ; NdAtt.] nous a mis devant les yeux la vulnérabilité de l’économie. Leur pouvoir sera brisé par la destruction des grands groupes économiques. L’usine de Grünheide doit disparaître et elle disparaîtra. Le poison patriarcal du type « Elend » Musk est vulnérable, le dommages financiers sont tangibles pour eux. Nous ne devrions pas nous égarer dans des actions contre l’État. Il n’est qu’un instrument de l’économie. Les chaînes d’approvisionnement doivent être détruites. Nous pouvons atteindre directement l’économie.
L’antifascisme militant peut élargir son champ d’attaque et brûler le capital qui soutient et finance l’AfD. Le coup d’État mondial de la droite (Poutine, Trump, Erdogan, Orban, Milei, Bukele, Nétanyahou, etc.) va de pair avec la destruction des concessions gagnées avec les luttes passées, dont les anarchistes morts suite aux faits de Haymarket square sont un exemple emblématique. Si autrefois c’était la journée de dix heures et des conditions de travail brutales qui prenaient possession des corps, aujourd’hui ce sont les grands entreprises du secteur de la technologie, qui veulent nous faire courir toujours plus vite, prisonnier.es sur le tapis roulant de l’économie. Nous sommes optimisé.es pour rester enchaîné.es à nos smartphones et au glissement vers le numérique d’activités auparavant analogiques. Nous allons ainsi, sciemment, vers une nouvelle forme d’exploitation du travail, qui nous transfère dans une nouvelle forme de possession de l’être humain, entre les mains des entreprises. L’« agression technologique », qui nous enlève l’air, modifie chaque relation humaine, chaque travail, chaque comportement social et les technicise. La vie et même la mort nous échappent des mains. Si autrefois les patrons de l’industrie lourde ont construit Hitler pour leurs intérêts, aujourd’hui ce sont les géants du secteur de la technologie qui ouvrent la voie au « techno-fascisme » et qui soutiennent quelqu’un comme Donald « Dump ». Des nom ? Les hommes les plus riches du monde : « Elend » Musk, plus de 300 milliards, Jeff Bezos, 193 milliards, Mark Zuckerberg, 180 milliards, Larry Ellison, 163 milliards, ainsi que d’autres ardents fascistes comme Peter Thiel. Des hommes unis dans la lutte contre tou.tes celles/ceux qui ne sont pas comme eux.

Les grandes entreprises du secteur de la technologie, qui veulent remplacer l’État américain par une administration pilotée par l’IA et marquer ainsi le début d’une nouvelle ère de domination, peuvent être attaquées ici aussi. La domination des êtres humains par la technologie marque le début d’une nouvelle totalité, qui ne reculera devant rien. La collecte des données, le contrôle et la manipulation sont les conditions préalables à la normalisation, à la sélection et à l’élimination, comme l’a souligné le Vulkangruppe « NetzHerrschaft zerreißen » [« groupe Volcan – déchirer la domination du réseau », qui a incendié, en mars 2018, des câbles électriques alimentant différentes institutions étatiques, dont l’armée, ainsi que l’aéroport de Tegel ; NdAtt.]. http://de.indymedia.org/node/19680

Notre modeste action ne peut déployer son potentiel qu’au sein de la somme de nombreuses interventions mondiales ayant pour but d’arrêter et d’inverser cette évolution. La liste des lieux que nous avons identifiés montre clairement une chose : la réponse à toutes ces injustices incommensurables, derrière lesquelles se cachent des acteurs dont nous n’avons mis en lumière qu’une petite partie, découverte par hasard, doit entraîner une pratique qui agit à la racine. Au niveau local et international.
Des salutations aux gens de la promenade dans Grunewald ! Nous pourrions encore amener quelques personnes pour leur missile pour Mars. Eat the rich!

Des salutations solidaires aussi à Hambourg, à la manifestation anarchiste du Premier mai « Conquérir des utopies, défendre la vie ». Et à celle « Super-riches ? Supermerde ! »

Liberté pour Maja, Clara, Hanna, Johann, Lina, Luca, Moritz, Nanuk, Nele, Paul, Paula, Tobi, Zaid, Gino, Gabri, Ilaria et tou.tes les autres antifas et anarchistes.

Exproprier les riches – Abolir la propriété
Switch-Off the system of destruction – Pour la vie
Le sabotage en tant que grève
Saboter le mode de vie impérial – Interrompre les chaînes d’approvisionnement.
Ouvrir les frontières – Pour la liberté de mouvement

Vulkangruppe Friede den Hütten…
[Groupe Volcan « Paix aux chaumières… »]

Ce contenu a été publié dans Bloquer les flux, Bouffe du riche, Contre les frontières, International, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.